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Quoi faire contre le ver-gris occidental du haricot

21 Oct 2021

Bien qu'il ne soit pas natif du Canada, le ver-gris occidental du haricot (VGOH) est bien installé chez nous aujourd’hui. Originaire de la région des grandes plaines des États-Unis, il a été observé pour la première fois en Ontario en 2008 et est apparu dans les Maritimes vers 2017. Le VGOH s’attaque principalement au maïs et aux haricots secs et a tendance à épargner le soya.

Dans le maïs, le VGOH peut entraîner des pertes de rendement, mais, ce qui est peut-être plus grave, son comportement alimentaire peut rendre les épis vulnérables aux maladies, notamment à la fusariose de l'épi causée par Gibberella.

Gibberella ear mould

Que pouvez-vous faire? Commencez par déterminer ce qu'il faut chercher et savoir quand le chercher, puis, selon ce que vous trouvez, identifiez quelles sont vos options.


Une année dans la vie du VGOH

Heureusement, le VGOH ne produit qu'une seule génération par année. Les larves passent l'hiver dans le sol et, bien que les papillons adultes puissent émerger dès juin et jusqu'en septembre, le pic de la période d'émergence se situe à la mi-juillet.

Les papillons adultes sont actifs la nuit et se reposent souvent dans les verticilles des plants de maïs pendant la journée. Ils sont de couleur gris-brun foncé et présentent une bande blanchâtre le long de l'avant de l'aile antérieure, un point blanchâtre au milieu de la même aile et une marque réniforme de même couleur vers l'extrémité de l'aile.

Pendant la période de croissance végétative du maïs, les femelles déposent des masses d'œufs sur la surface supérieure des feuilles des plants; après la sortie des panicules, elles pondent sur les feuilles les plus proches de l'épi, voire sur l'épi lui-même. En moyenne, un papillon adulte produit environ 380 œufs au cours de sa vie, mais certains individus peuvent en pondre jusqu'à 600!

D'un blanc éclatant, les œufs fraîchement pondus ont la forme d’un tonneau, et chaque masse d’œufs en compte environ 50. Juste avant l'éclosion, les œufs prennent une teinte violette, ce qui correspond à la couleur de la tête de la larve visible à travers la coquille. Après la ponte, il ne faut que cinq à sept jours aux œufs pour éclore.

À leur sortie de l’œuf, les nouvelles larves en dévorent la coquille avant de se disperser sur le plant de maïs. Ce qu'elles feront à ce moment dépendra largement du stade de développement du plant de maïs : si le plant a atteint le stade VT, les larves se nourriront des panicules et des anthères en développement. Par chance, l’activité des VGOH à ce moment n'entraîne pas de dommages économiques.

Cependant, si la panicule est apparue avant l'éclosion des larves, ces dernières se rendront à l'aisselle des feuilles où elles se nourriront des anthères et du pollen tombés ainsi que des soies. Une fois tout le pollen libéré, les larves se déplaceront vers l'extrémité de l'épi où elles s’attaqueront aux grains en développement. Les larves matures dévoreront l’extrémité de l'épi avant de percer des tunnels dans l'épi pour accéder aux grains. C’est à ce stade que l’impact économique se fera sentir.

À quoi ressemblent-elles? Au cours des premiers stades de leur développement, les larves de VGOH présentent de discrètes marques en forme de diamant sur le dos. Avec le temps, des bandes brun foncé distinctes apparaissent immédiatement derrière la tête. Sur les larves matures, ces bandes ressemblent à un rectangle divisé en deux.

Il est important de savoir que les larves matures peuvent se déplacer vers d'autres plants situés sur le même rang que le plant où elles sont nées ou sur les plants des rangs adjacents. Les larves de VGOH passent par six stades de croissance en 55 jours environ, puis tombent au sol et s’y enfouissent pour créer une logette d’hivernation en terre. En fonction de la texture du sol, les logettes peuvent se trouver jusqu’à 40 cm de profondeur dans un sol grossier, mais la moyenne est d’environ 20 cm pour l’ensemble des types de sol. Dans des conditions normales, le taux de mortalité hivernale est d'environ 60 %, mais il peut être beaucoup moindre dans les sols grossiers.


Destruction du rendement

Étant donné que les larves peuvent migrer vers les plants voisins, les dommages causés aux cultures par le VGOH sont généralement répartis de manière assez aléatoire dans un champ. On retrouve la plupart des larves dans un rayon de 1,7 m du plant où elles sont nées, et une telle capacité de déplacement leur permet d’endommager de nombreux épis un peu partout dans le champ. Les zones rouges sur cette carte de rendement montrent les endroits fortement infestés par le VGOH et vous donnent une idée du caractère aléatoire des dommages causés aux cultures.

Yield map of field infested with western bean cutworm

Les larves au dernier stade de croissance détruisent les grains de l'extrémité jusqu’à la base de l'épi. Ceux-ci sont souvent infestés par plusieurs larves en même temps qui consomment les grains un par un – contrairement à la chrysomèle des racines du maïs dont on ne trouve habituellement qu’un seul individu par épi. Bien entendu, le principal résultat de ce phénomène est la perte de rendement. Des études sur les pertes de rendement réalisées au Nebraska ont montré qu'une moyenne d'une larve de VGOH par plant (lorsque le maïs est au stade denté) peut entraîner des pertes de rendement de 232 à 947 kilogrammes par hectare1.


Risque de fusariose de l’épi

La perte de rendement est tout aussi grave que le fait qu'une infestation par le VGOH expose votre culture à un risque accru de maladie. En perçant les spathes et en creusant des galeries dans l'épi, les larves de VGOH créent des points d'entrée pour les agents pathogènes, en particulier pour les moisissures qui produisent des mycotoxines.

Les plus importantes maladies sont la fusariose de l'épi et la fusariose de la tige, toutes deux causées par Gibberella zeae, le même agent pathogène qui provoque la fusariose de l'épi du blé. Ce champignon passe l'hiver sur les résidus de maïs et de blé et produit des mycotoxines, dont le déoxynivalénol (DON ou vomitoxine), qui peuvent entraîner un coûteux déclassement des cultures.

Signes de fusariose de l’épi. En général, l'agent pathogène pénètre dans les grains par les soies, et, si le temps est frais et humide pendant et après le stade de l’apparition des soies, les risques d'infection augmentent. Cet agent pathogène profite également des blessures créées par les oiseaux ou les insectes, comme le VGOH, pour pénétrer dans les épis.

Une fois qu’un épi est infecté, des moisissures se développent. Blanche au début, la moisissure devient rouge foncé ou rose à mesure que l'infection s'installe, se développant à partir de l'extrémité de l'épi et progressant vers la base. Sur les plants gravement infectés, les spathes et l'épi fusionnent, ce qui leur donne un aspect momifié.

L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) a établi des concentrations maximales acceptables de DON dans le maïs fourrager qui varient en fonction de l'utilisation finale du grain. Par exemple, la concentration de DON doit être de cinq ppm ou moins pour les bovins de boucherie et les bovins en parc d'engraissement âgés de plus de quatre mois. Pour les porcs, les jeunes veaux et les animaux laitiers, la teneur en DON dans le maïs ne doit pas dépasser une ppm.

Il est possible de faire tester le grain récolté pour déterminer sa teneur en mycotoxines, mais assurez-vous de le nettoyer d'abord pour enlever la poussière et les grains plus légers et ratatinés, lesquels contiennent davantage de mycotoxines. Même si votre maïs est destiné à l'ensilage, un test de détection des mycotoxines est recommandé. Pour en savoir plus sur la façon d'identifier et de gérer la fusariose de l'épi et la fusariose de la tige causées par Gibberella dans le maïs, cliquez ici.


Combattre le ver-gris occidental du haricot

Semer des hybrides de maïs résistants au VGOH est la façon la plus sûre de réduire ou d’éliminer les dommages et les pertes causés à la culture par ce ravageur. À l’heure actuelle, les hybrides qui produisent la protéine Vip3A de Bacillus thuringiensis (Bt) constituent la seule solution Bt contre ce ravageur. Les hybrides de maïs TreceptaMD Refuge IntégralMD contiennent cette protéine Bt spécifique et peuvent aider à maîtriser le ravageur.

Malheureusement, les pratiques culturales, telles que de modifier la date de semis et travailler le sol pour détruire les logettes d’hivernation, sont peu utiles pour combattre le VGOH.

Gestion du VGOH dans le champ. Comme c'est le cas avec tous les ravageurs des cultures, le dépistage est une pratique essentielle pour combattre les infestations de VGOH. La pose de pièges sexuels à proximité des champs de maïs ou l'utilisation de modèles prédictifs d'émergence des papillons peuvent aider à préciser le calendrier des activités de dépistage, mais, en général, vous devriez procéder au dépistage de la fin juin au début août, en accordant une attention particulière aux champs de maïs qui approchent du stade VT, une période qui correspond au pic d'activité de vol des papillons.

Comment effectuer l’échantillonnage. Vous devez observer des masses d'œufs ou de petites larves sur 20 plants consécutifs en cinq endroits du champ. Comptez le nombre de masses que vous trouvez au fur et à mesure, calculez le pourcentage d'infestation du champ et répétez l’opération tous les cinq jours jusqu'à ce que la période de ponte soit terminée. Notez que si la croissance de la culture est inégale dans le champ, cette période pourrait être plus longue que si le développement du maïs est uniforme.

Les femelles préfèrent déposer leurs œufs sur les plants dont la panicule est sur le point de sortir. Certaines années, la ponte a lieu sur le maïs au stade du verticille. Dans ces cas, les larves à naître ne survivent pas en se nourrissant uniquement de tissus végétatifs, car elles ont besoin de tissus reproducteurs ou de pollen pour achever leur développement.

Devrais-je traiter? Le seuil économique d’intervention dépend du risque de production de mycotoxines dans votre champ. S'il est minime et que votre principal souci est d’éviter les dommages à la culture, alors une application d'insecticide est justifiée à partir d'une infestation de cinq à huit pour cent.

Dans les zones où les risques de production de mycotoxines sont élevés, pulvérisez dès que l'infestation atteint cinq pour cent, et n'oubliez pas que le seuil économique dans cette situation est additif. Par exemple, si le taux d'infestation est de deux pour cent le premier jour de l'échantillonnage et que cinq jours plus tard il est de trois pour cent, alors vous avez atteint cinq pour cent d'infestation (2 + 3 = 5) et vous devez traiter le champ.

De même, si les risques de contamination par les mycotoxines sont importants, envisagez d'inclure un fongicide avec l'insecticide et appliquez à R1. Parlez à votre détaillant des produits et des mélanges car les recommandations peuvent parfois changer.




1 Journal of Integrated Pest Management, Vol. 10, Issue 1, 2019: Ecology and Management of the Western Bean Cutworm in Corn and Dry Beans – Revision with focus on the Great Lakes Region. https://academic.oup.com/jipm/article/10/1/27/5558144